Il fut un temps où les champs comptaient plus que les vignes en Champagne et la maison Hardy failli ne jamais exister.
Aujourd’hui, Stéphane Hardy qui se défini comme “un paysan minimaliste” cumule encore les deux casquettes, vigneron le matin et agriculteur l’après-midi. En véritable passionné de son terroir, ce partisan convaincu de la biologie a converti l’intégralité de ses champs et de ses vignes en 2012.
Le style de la maison ?
Des champagnes à dominante de pinot noir et de chardonnay, assemblés avec des vins de réserve passés en fût de chêne pour plus de complexité et de matière.
Traditionnellement, la famille de Stéphane cultive les céréales dans le village de Tours-sur-Marne, au sud-est de la Montagne de Reims. L’arrière-grand-père de Stéphane, ouvrier agricole itinérant, décida un jour de poser ses valises en Champagne. Son fils, Louis, paysan convaincu et peu amateur des travaux de la vigne, échangea même certaines parcelles en contre des champs.
Ce choix semble aujourd’hui surprenant au regard des différences de prix entre terres agricoles et viticoles, mais rappelons que jusque dans les années 70-80, la terre avait bien plus de valeur que la vigne en Champagne.
À l’inverse de l’immense majorité des vignerons de Champagne et du reste de la France, la famille Hardy n’a pas fait le choix de se spécialiser dans la seule culture de la vigne. De fait, la mise en bouteilles et la commercialisation d’un champagne par la famille est même arrivée tardivement.
Il faudra attendre les années 60 et Michel, le père du vigneron actuel, pour que les premières bouteilles de champagne soient commercialisées. Elles étaient à l’époque élaborées à la coopérative de Bouzy, un village voisin. Cette longue coopération ne prit fin qu’en 2013, année de la première vinification réalisée par Stéphane lui-même.
Aujourd’hui encore, les 2 ha de vigne ne représentent qu’une part des activités de Stéphane et Carine qui cultivent également orge, lentilles, luzerne et trèfle sur 126 hectares.
Après qu’un cancer ait été diagnostiqué chez son père en 1996, Stephane s’interroge sur l’utilisation de produits chimiques. En 1998, il met en place l’ENM (enherbement naturel maîtrisé) dans les vignes et le non-labour dans les champs.
Quelques années plus tard, des réactions aux produits phytosanitaires se manifestent chez lui. Il décide alors de retravailler les sols de la vigne et de ne plus utiliser d’herbicides.
En 2012, sûr de ses bienfaits, Stéphane se lance dans la conversion à l’agriculture biologique. Les changements s’opèrent alors dans les vignes. Les insectes, les papillons et autres êtres vivants refont leur apparition ; l'ambiance change et le travail devient plus agréable.
Toutes les vignes du Champagne Hardy sont conduites sans pesticides, ni engrais chimiques, et reçoivent des préparations biodynamiques. Un Champagne de choix dont vous pourrez goûter toute la singularité en découvrant notamment les deux cuvées élaborées avec du raisin issu de l’agriculture biologique de cette Maison écoresponsable.
“Paysan minimaliste”.
C’est ainsi que se définit Stéphane lui qui cumule les casquettes d’agriculteur et de vigneron.
“Intervenir ça rassure. Moi j’observe et je laisse la nature faire. J’accompagne, j’expérimente, je fais mon composte selon les règles de biodynamie avec 6 préparats. Je vais à l’essentiel”
2012, a été l’année de la conversion pour le domaine mais aussi celle de tous les défis comme s’en souvient Stéphane :
“Une année dure, j’avais peu d’expérience. Je n’ai eu que la moitié de la récolte attendue. J’étais loin des quotas de l’appellation. Quand tu fais du bio, ça t’amène à travailler sur toi-même. Pour finir, j’ai pensé que la moitié, c’était mieux que rien !”
Le plus dur dans le parcours de conversion selon lui, ça reste avant tout le regard des autres, les proches qui ne sont pas d’accord et qui le disent, qui vous transmettent leurs peurs. Mais au final pour quelle révolution dans les terres :
“Le bonheur du coup de bêche où vous découvrez qu’il y a plein de monde dans le sol. Au tout début, il y avait beaucoup de chardons dans les vignes. Quand on travaille les rangs, ils vous griffent les jambes. Je les détestais jusqu'au jour où en cherchant à les ôter j’ai découvert leurs immenses racines pivotantes. J’ai compris qu’ils étaient en train de travailler pour moi, ils décompactaient mon sol !”.
Aujourd’hui, ces anciens ennemis ont leur place dans une flore variée dont il est fier et qui participe à redonner tout son goût au champagne vinifié à partir de ces vignes.